Le Mont Chauve est, comme son nom l’indique, un chevelu repenti. Sur son crâne, désormais défriché, on voit grouiller toutes sortes de petites bêtes que la lumière n’effraie plus depuis bien longtemps. Ces petites bêtes sont ses commensales.
– Comment sales ? Nous ne sommes pas plus sales que vous d’abord ! Et nous n’aurions sans doute aucune peine à vous prouver que nous sommes même moins sales que vous…
Il faut dire que, non contentes d’être propres, ces petites bêtes sont aussi susceptibles… Mais où en étais-je ? Ah oui, je disais que toutes sortes de petites bêtes ont établi domicile sur les flancs de ce mont à la culminance imberbe. Pourquoi vous disais-je cela ?
Je ne sais plus… Ah si, je sais ! Je voulais aussi vous parler des grosses bêtes. Des grosses bêtes qui passent et ne font que passer. Des grosses bêtes qui montent, qui montent, qui montent et puis qui descendent. Des grosses bêtes qui s’en viennent manger de bons gâteaux faits maison sur le toit des pyramides étêtées, au milieu des broussailles ardentes et des crocus présomptueux. Des grosses bêtes qui ne sont pas si sales que ça puisque pour venir crapahuter sur ce crâne rebondi et singulièrement dégarni, elles prennent un moyen de transport public, la clef des champs et les chemins de traverse ce qui, au bout de compte, confère au bilan carbone de cette joyeuse escapade une nullité proprement (c’est le cas de le dire) exceptionnelle.
Eh ben vous savez quoi ? Moi que je dis que les petites et les grosses bêtes qui déambulent sur le Mont Chauve avec un sourire à faire pâlir de jalousie toutes les Joconde du monde ne sont pas si bêtes que ça…