Savez-vous où se trouve la cascade de Vescagne ? Elle se trouve au fond d’une jungle hostile, à quelques pas de la mine homonyme où l’on extrayait autrefois à la force des bras de maigres quantités de lignite destinées aux industries locales, et ne se révèle qu’aux intrépides, au coeur aventureux et à la foi solide, qui se risquant à travers les broussailles impénétrables, les rochers acérés et les fleuves bouillonnants exposent leur vie pour en découvrir l’humble mais fascinante beauté. Qui parmi nous, qui sommes allés au bout de cette aventure insensée et en sommes revenus, peut dire qu’il n’a pas perdu dans cette folle entreprise un peu de soi ? Nul sans doute. Mais que dire alors de ceux qui y sont restés ? De ceux que nous avons dû abandonner aux alligators excités par la fureur chasseresse et la joie de se mettre quelque chose sous la dent ? De ceux que les sables mouvants ont engloutis sous nos yeux en riant de notre impuissance à leur venir en secours ? De ceux que des serpents à cornes, inconnus des erpétologistes même, ont embrochés avant de les gober comme de vulgaires oeufs de coucou ? De ceux que les coucous ont rendus fous avec leur chant lancinant et sauvage ? Je ne vois qu’une chose à dire : Paix à leur âme et à la semaine prochaine…