Y’a pas que l’jaune dans la vie !

Il y a aussi le blanc qui s’épand mollement dans les fonds de vallée en grosses taches pataudes semblables à des ballots d’ouate effilochée qu’on aurait posés là, comme on aurait posé un couvercle sur la froidure matutinale des derniers jours d’automne…

Il y a aussi le vert qui se promène partout, depuis le cours de l’eau affalée dans son lit de calcaire usé par les caresses jusques aux voluptueuses pinées qui dissimulent les versants de nos montagnes assoupies sous leur feuillage persévérant en passant par les troncs moussus des vieux chênes hâbleurs que moquent les saisons…

Il y aussi le rouge qui embellit les lèvres généreuses des baies de cynorhodon et les fesses rebondies des petites pommes sauvages que la gravité universelle a convoquées à terre, au milieu des cailloux placides, des herbes insolentes et des feuilles caduques qui n’en finissent plus d’être belles malgré la sénescence…

Il y a encore le bleu saillant des immenses ciels d’automne et celui des prunelles pulpeuses lesquelles ne sont rien moins que les beaux fruits des yeux de notre mère à tous, généreuse et prodigue, qui nous comble encore et toujours de ses bienfaits consolateurs en dépit de tout le mal que nous lui faisons…

Il y a enfin toutes les teintes subtiles qui font de la nuance le plus précieux des trésors, le plus riche des patrimoine et la plus intarissable des ressources…