“Facile” qu’y disait ! Tu parles… Au départ, ça monte un peu. On suit le torrent de la Gordolasque, et voici que la vallée se révèle alors que l’on rejoint une bifurcation devant laquelle le randonneur doit choisir : monter raide à gauche ou monter raide à droite. Matthieu (l’arracheur de dents) nous invite à traverser la passerelle. Il a décidé de nous faire monter raide à droite. Il nous prévient cependant. Ah ! L’âme sensible ! Il nous avertit (soucieux peut-être de ce qu’il adviendra de lui au jour où, appelé à comparaître devant l’Eternel, il aura à confesser tant de mensonges et de dissimulations…) en faisant semblant de douter que, avisant ce mur de pierre qui se dresse entre nous et le lac, nous n’aurions pas compris qu’il ne faut jamais faire confiance à un accompagnateur en montagne. Le sentier, donc, se mêle bientôt de ”laceter”. Néologisme ! s’écrieront d’aucuns. Néologisme certes, mais il faut bien cela pour donner à entendre la nature profonde de cette fourberie. Le sentier lacette. C’est à dire qu’il décrit, en cheminant, des lacets plus ou moins courts, plus moins nombreux et plus ou moins… fatals. Ca monte donc. Puis ça monte encore. Puis ça monte toujours. Et ce grand escogriffe de guide du dimanche qui ose prétendre que cela ne sera plus très long. Et ces chamois qui nous narguent ! Et ce lac… Quel lac ? Oh ! le beau lac… Quelle splendeur ! Et dire qu’il ne nous aura fallu que deux heures pour monter jusqu’ici. Quel calme, quelle beauté, quelle récompense…