Si j’étais lisse, dit le lys orangé, je me laisserais glisser vers le bas de la pente, jusqu’au petit torrent d’eau claire qui s’en vient des hauteurs où la neige s’apitoie jusque sur son propre sort, et dans une farandole tumultueuse, jouant du cours de l’onde entre les rochers et les branches d’arbre trahies par l’hiver, je m’en irais par la montagne vers les vallées profondes qui sillonnent le roc de leurs humeurs serpentiformes et j’atteindrais la mer. Ah ! La mer… J’aurais tant voulu pousser sur une dune. Si j’étais lisse, dit le lys orangé, j’en connais qui seraient vert. De jalousie. Pauvre lys ! Si seulement il savait se contenter d’être beau.