Nous sommes 10 a nous engager sur cet ancien chemin car il ne faut pas oublier qu’Utelle était situé sur les voies de communications qui empruntaient autrefois les flancs des montagnes et les cols plutôt que les fond de vallée. Ce village était situé sur les routes des Alpes et de l’Italie : c’était l’étape avant et après Nice sur la Route du Sel. De très beaux murs qui soutiennent le chemin sont encore visibles de nos jours. Utelle vient de « uels » qui signifie « œil » et viendrait de sa position stratégique, sur un promontoire permettant de surveiller les intrusions ennemies. L’histoire de ce village est calquée sur celle du Comté de Nice : d’abord sous le pouvoir du Conte de Provence puis sous la domination de la Savoie. Utelle reste un bourg important jusqu’à la Révolution.

Une montée très régulière nous permet de gagner notre premier col : celui de Castel Gineste. Durant notre ascension, nous avons une vue fabuleuses sur la chaîne du Mercantour. Nous passons aussi à côté d’une ancienne ferme, en ruine certes mais avec ses terrassements encore bien visibles. D’ailleurs on voit bien que la commune était une bourgade importante car tout autour, sur chaque versant, il y a les traces des exploitations en restanques. C’est une des communes la plus étendu des Alpes Maritimes et elle est formée de 6 villages. Il est difficile de croire que le Général Masséna a pris Castel Gineste en 1793 (Révolution Française) en montant des canons depuis la Tour sur Tinée! L’abrupt éperon de montagne emprunté est bien visible.

Du Col de Castel Gineste, un faux plat nous mène jusqu’au croisement du chemin qui permet  de descendre sur la Tour sur Tinée par le Pas Massena. De ce côté-là nous avons la vue sur les vallées du Var et de la Tinée, le sanctuaire de la Madone, sans oublier bien évidement sur la carrière de la Courbaisse. Celle-ci est beaucoup plus impressionnante vue d’en haut que du bord de la route de la Tinée!

Nous n’aurons pas l’occasion d’aller au sanctuaire de la Madone, mais cela ne nous empêche pas d’en raconter la légende :

Vers l’an 850, des Espagnols naviguant le long des côtes de Provence, furent pris par une tempête terrible, près de l’embouchure du Var. Près de périr, ils firent vœu de bâtir un oratoire dédié à la Vierge si la tempête se calmait et si leur vie était sauve.Pendant qu’ils priaient, la Reine du Ciel leur apparut et leur montra une montagne, éclatante de lumière, qui dominait toutes les vallées de la région. Le ciel y était serein, en effet, et cette sérénité s’étendit bientôt partout, le vent cessa et la tempête fut calmée en un instant. La puissante Mère de Dieu les avait exaucés et ils érigèrent un « Pilon » commémoratif du prodige. Le « pilon » fut agrandi, transformé. Il devint une chapelle et nous voyons bientôt les Syndics d’Utelle et le Clergé y organiser de grands pèlerinages. Les évêques de Nice, et Rome même, encouragent cette dévotion.

Après ce croisement, nous avons encore une petite marche dans la forêt avant d’attaquer la dernière montée jusqu’au col sous le Brec D’Utelle. De là, la dernière partie demande un peu d’attention pour atteindre le vrai sommet. La vue à 360° enchante tout le monde et personne ne ressent les 780m de dénivelé avalés. La récompense promise est là.

Après un pique-nique bien mérité nous attaquons la descente par le même chemin. Eh oui, pour une fois nous faisons une randonnée en aller-retour; Une boucle aurait demandé à gravir beaucoup plus de dénivelé! Mais la perception du paysage à la descente n’est pas la même qu’à  la montée : on voit les choses différemment.

Les quelques pauses de la descente nous donnent l’occasion d’aborder des sujets très intéressant à propos de la vie d’aujourd’hui!

Une fois en bas on fait une petite halte gourmande au resto du village: près du feu, on est si bien installé qu’il est difficile de se lever et de repartir.

Avant de rejoindre les voitures, on fait un petit tour à l’église pour voir ses peintures et sa porte sculptée du 15ème siècle.

Notre bien belle journée prend fin ainsi.