Bon, d’accord. Il est vrai que lorsque vous nous avez posé la question, ce dimanche, nous avons été un peu évasifs dans la réponse que nous avons apportée. Il convient donc d’être magnanime. Nous vous devons une explication. Qu’est-ce donc que ce “réalgar” dont nous avons à peine su vous dire qu’on l’extrayait, au début du siècle dernier, des flancs de cette montagne sauvage et inhospitalière ? Eh bien puisque votre curiosité n’a pas été entièrement satisfaite, voici qui devrait vous combler d’aise : Le réalgar est comme chacun sait (à l’exception notable de ces butors d’accompagnateurs en montagne d’ALTI+) un minéral de couleur rouge à orangé composé de sulfure d’arsenic de formule As4S4. On l’appelle également arsenic rouge, éolite ou réalgarite selon son humeur du moment. Les spécialistes, qui ont avec la bête une certaine familiarité, disent volontiers de lui qu’il est monoclinique-prismatique 2/m (entre nous soit dit, j’ose à peine imaginer la tête de son complexe d’Oedipe). Ils admettent cependant qu’avec une masse moléculaire de 106,99 g/mol, il est plutôt du genre “primitif P” dans le réseau de Bravais, (ce qui, vous en conviendrez avec moi, n’est pas rien). Deux détails qui vous donneront une idée plus précise de ses qualités intrinsèques : son indice de réfraction (α=2,538 β=2,684 γ=2,704) et sa biréfringence (Δ=0,166 ; biaxe négatif). Qui dit mieux ? En outre, on caractérise ainsi son éclat : adamantin à mat (pour ma part, j’aurais volontiers remplacé ce “i” importun par un “a” qui aurait fait du réalgar le seul et unique minerai dont on eût pu qualifier l’éclat d’adamantanàmatesque). Enfin, signalons qu’il est légèrement fusible en produisant des vapeurs toxiques et que, nul n’en doutera après cela, il est partiellement soluble dans les acides et dans KOH. Ah ! Comme il doux d’être savant…
Merci à Michelle et à Béatrice pour les photos.