Lorsque nous partîmes, ce matin-là, du charmant petit village de Thiéry dans l’arrière-pays des Alpes-Maritimes, nous étions à mille lieues d’imaginer le tour qu’allaient prendre les évènements au cours de ce qui sera sans doute, pour jamais, la plus longue et la plus éprouvante journée de notre existence.

Il faisait un soleil ardent, dès les secondes heures du jour, et il nous fallut bientôt quitter les épaisseurs nombreuses que de fort risques d’orage nous avaient convaincus d’emporter dans la fraîcheur du premier matin. Nous progressions, ainsi, sur les chemins buissonniers avec les premiers effluves enivrants de l’été nous montant aux narines et ne prîmes pas garde de jeter derrière nous un regard de prudence. Car nous avions la mort en serre-file…

Un brouillard singulier tout d’un coup tomba.

Le bruit qu’il fit, en tombant, aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Mais non. En guise de puce, en vérité, les seules que nous vîmes étaient les hôtes bienheureuses d’un yack égaré sur ces pentes chagrines de n’être pas plus hautes et plus froides.

Bientôt nous nous trouvâmes quinauds devant un panneau dans lequel nous aurions bien pu tomber car la situation était rien moins que renversante… Mais nous sommes perspicaces !

Nous décidâmes alors  de suivre la direction « Katmandou ». Et c’est ce que nous fîmes.

Le terrain, ensuite, commença de ressembler à des paysages himalayens. La végétation devint rase et le mal de l’altitude s’en vint petit à petit nous souffler dans les bronches son vent mauvais…

Au loin, haut et loin, les neiges éternelles semblaient s’éterniser. A y regarder de plus près,   quelques heures plus tard, nous allions bientôt constater qu’elles s’éternisaient effectivement. Mais au lieu de regarder au loin, et haut, nous aurions eu mieux fait de regarder où nous mettions les pieds.

Car c’est alors que la mort survint !

Elle avait une queue venimeuse en guise de slogan électoral et des pinces (de 17 ou de 19 ?) en guise de paluches. Et, s’insinuant dans les bottes de l’une d’entre nous, elle piqua…

Aïe ! fit celle d’entre nous qui se sentait la plus concernée. Et elle s’affala. On ne devrait jamais emmener des filles dans ces expéditions lointaines.

Il fallut prendre une décision. Et comme chez Alti+, on ne fait rien à moitié, nous en prîmes deux.

1) Deux d’entre nous iraient chercher les secours.

2) L’on mangerait un bout avant de partir parce que ce n’est jamais bon de partir le ventre vide. On risque l’hypoglycémie à chaque instant. Et l’hypoglycémie, c’est pas drôle…

On attrapa alors une femelle de Lémur Catta et son bébé qui passaient par là. On les dépluma, on les mit sur une broche et l’on se rendit compte que l’on avait oublié les allumettes. Merde alors ! Parce que le Lémur Catta cru… Beurk !

Mais faut c’qu’y faut ! Et après cette petite collation, l’équipe de secours partit.

Après avoir gagné les contreforts de l’Evesrest, elle suivit le chemin des Argonautes et parvint bientôt à une signalisation qui ne laissait aucun doute sur le fait qu’elle était sur la bonne voie.

Heureusement qu’ils étaient bien couverts ces deux-là parce que dans les couloirs, quand on laisse les portes et les fenêtres ouvertes, y’a toujours des courants d’air !

Hélas, un faux pas fut fait et c’en fut fait d’eux. Feu eux…

Alors nous envoyâmes Jean.

Car y’a pas plus héros que Jean.

Et la fin fut à la hauteur des montagnes qu’il gravit pour sauver tout ce beau monde :

POISSON D’AVRIL !

On vous ferait vraiment croire n’importe quoi…

PS : Si vous voulez vraiment savoir ce qu’il s’est passé le 1er avril 2012, lisez l’article suivant (poil aux dents).