Un canal. Des canaux. Donc : qui dit “Sommet de Canaux”, dit “pentes creusées de rigoles (à tout le moins) ou de véritables “levadas” comme on en voit au cours des diaporamas d’Alti+, les soirs de Galette des Rois, en contemplant les photos d’un séjour à Madère. Ainsi, nous nous imaginions déjà cheminant le long de quelque bégude aménagée depuis les sources miraculeuses qui jaillissent parfois de ces massifs calcaires caractéristiques des Préalpes de Grasse pour acheminer l’eau, mère de tous les bienfaits de la terre, vers les lieux où les hommes labourent et vivent, en se voyant récompensés d’être là et d’y demeurer par des prodigalités que leur besogne patiente et leur piété ardente auront couronnées de leurs fruits. Bref, on s’attendait à trouver de la flotte. Ben non. Là-haut, y’avait pas une goutte d’eau. Mais il y avait à nos pieds, à peine secouée de ressauts délicats, comme un tapis d’ouate fragile, une mer de nuages envoyée par les fées ; par l’effet de l’inversion thermique, plus exactement, qui caractérise ces journées sans équité où les promeneurs du dimanche et du bord de mer se morfondent dans le froid et la déréliction sous une couche de nuages implacablement gris tandis que quelques privilégiés, sous la houlette d’accompagnateurs au nez fin, jouissent d’un ciel spectaculaire, auréolés du bonheur d’être au dessus des eaux. De l’eau de la mer ; et de l’eau qui tombait comme une pénitence sur la tronche de ceux qui n’avaient pas voulu nous suivre…