Aujourd’hui, nous sommes 9 à arpenter les hauteurs du Lucéram; une jeune demoiselle, deux jeunes hommes et 6 adultes. Nous sommes contents que des jeunes gens viennent se joindre à nos balades.
Notre balade part du Col de l’Orme, au-dessus de Lucéram. Une route bien sinueuse nous mène jusqu’au départ. Le ciel de ce côté-là n’est pas encore dégagé, l’air est bien piquant : la plupart d’entre nous portent bonnets et gants! Où est le grand et beau soleil annoncé? Il arrivera, mais plus tard…
Le chemin que nous empruntons servait d’accès pour rejoindre : vers l’Ouest, la route du sel qui venait de Nice et allait vers la Vésubie, passant par l’Escarène et Lucéram; vers l’Est la route royale de Nice à Turin, reliant Nice, l’Escarène, Sospel, Giandola, Tende et le Col de Tende.
Nous progressons dans des forêts de pins, de chênes, de charmes et de buis. Notre sentier avance la plupart du temps à flanc, coupé trois fois par des descentes abruptes remontant tout aussi raide. Nous franchissons d’abord les affluents du ruisseau Cuous, puis à la fin le ruisseau lui-même, tout cela par de jolis ponts de pierres.
Le dernier pont nous offre une jolie vue sur la gorge qui se pratique d’ailleurs en canyoning. La vue sur la cascade de Tuf est très jolie, mais les vasques ne nous incitent pas à la baignade malgré leur belle couleur bleue, même si le soleil a déjà montré son nez et que le ciel est d’un bleu azur.
Après le franchissement de ce dernier pont, il ne nous restera ni plus ni moins que 450 m à gravir sur un éperon qui nous offre la vue sur le Montagne de Peïra Cava d’un côté avec le chemin que nous avons emprunté depuis ce matin et toutes les traces d’habitation bien visibles, maisons en ruine et restanques et de l’autre côté, la vue sur la vallée de la Bévéra. Le panorama nous incite à prendre quelques moments de répit et à grignoter un peu, mais nous préférons finir l’ascension avant de prendre la pause pique-nique. Les garçons ouvrent le chemin fortement motivés par la faim!
En nous approchant du col, les montagnes enneigées pointent leurs sommets. Il est déjà 13h quand nous arrivons au col pour un repas bien mérité!
Après ce repos, nous rejoignons facilement les voitures par une piste, puis le village de Lucéram, notre deuxième objectif de la journée.
Lucéram était la capitale de la peuplade des Lepontii, citée sur l’inscription du Trophée des Alpes. C’est une des dernières peuplades vaincues par les Romains dans les Alpes-Maritimes. Les Romains auraient installé un poste militaire à Lucéram pour contrôler le passage d’une voie reliant La Turbie à la vallée de la Vésubie. De nombreuses pièces romaines (monnaies, poteries) ont été trouvées sur place.
Pour le reste son histoire se confond avec celle du Comté de Nice, à la différence que Lucéram, comme Levens et Utelle ont protesté : elles ne voulaient pas participer à l’hommage définitif au comte de Savoie car elles étaient des communautés libres par achat de leurs droits à la reine Jeanne.
En montant en voiture vers le Col de l’Orme le matin et en redescendant ensuite, on découvre la magnifique vue sur le Château.
Le château de Lucéram est cité en 1156. Il est situé sur un promontoire. L’accroissement de la population de Lucéram qui se trouve sur la route du sel entre Nice et le Piémont par la vallée de la Vésubie va entraîner la construction de nouveaux remparts pour la protéger. Le gouverneur de Nice, représentant du comte de Savoie, autorise, en 1395, la construction de nouvelles défenses de la ville. Un rempart a donc été réalisé sur le côté nord, pour défendre le côté le plus exposé et le seul possible en raison du relief, une nouvelle ligne de protection, avec une très belle tour à l’angle nord-est, ouverte à la gorge et haute de quinze mètres. Cette tour, ouverte vers l’intérieur du village, ce qui permettait de le protéger, aussi bien vers l’extérieur, que vers l’intérieur, est de deux étages en plancher permettant d’accéder jusqu’au niveau supérieur, l’ensemble communicant par des échelles. On pourrait croire que cette tour est en partie démolie, mais il n’en est rien. Dès l’origine, elle fut construite en forme de fer à cheval, ouverte sur le village. Si, par malheur, l’assaillant s’en rendait maître, il ne pouvait s’en servir contre la place. Cette tour jouait aussi un rôle de guet de surveillance de tous les environs.
Il existe encore trois portes d’accès de ce rempart. Elles ont été construites à partir de 1388, après la dédition de Nice à la Savoie. Ces portes, fermées le soir, permettaient aux habitants et aux voyageurs de se protéger des agresseurs.
Revenons à notre balade. Nous avons un peu de mal à nous garer mais nous y sommes. Direction le marché de noël et ses fameuses crèches. Cette tradition à Lucéram n’est pas si vieille: elle date seulement de 1996, quand une certain Christiane Ricorte faisait déjà la crèche à la Chapelle St Pierre depuis plusieurs années, chaque fois de plus en plus grande. Cette année-là, suite à un pari dans sa famille, elle a réalisé avec son mari la maquette du village et tous les accessoires, comprenant 80 santons.
En 1997, elle est devenue membre fondateur de l’Association Maison de Pays de Lucéram et du haut Paillon qui a pour but de maintenir la culture, les traditions et la langue. Dans ce contexte, elle a fait partager sa passion aux villageois et, en 1998, a eu lieu le premier circuit des Crèches à Lucéram avec 33 crèches. Celui-ci a connu un tel succès qu’années après années il s’est agrandi. Nous sommes là aujourd’hui admirer quelques crèches et pour profiter du vin chaud et des châtaignes grillées, ambiance de noël oblige!
Je tiens à féliciter les jeunes pour leur participation à cette randonnée : nous les attendons la prochaine fois!